Projection du film "Sketches of Myahk" de Koichi Onishi
En présence du réalisateur
Focus sur un patrimoine culturel en danger d'extinction : les chants traditionnels des îles Miyako, à l'extrême sud-ouest du Japon.
Suivant les traces du musicien Makoto Kubota, collecteur de musiques ancestrales, Koichi Onishi a posé sa caméra, en 2009, dans les îles Miyako (prononcé localement Myahk), à 300 km d’Okinawa et 1800 km de Tokyo. Il y filme avec bienveillance les dernières héritières des chants traditionnels de ces îles reculées, où se sont développées une culture et une musique singulières. Se transmettant oralement depuis des siècles, ces chants témoignent de la vie quotidienne et spirituelle des insulaires : chants rythmant les travaux agricoles, chants rituels sacrés (appelés « kamiuta »), chants de louange à Dieu, chants relatant des instants de vie et d’autres chants connus sous le nom de « aagu », basés sur des improvisations de chants médiévaux. Malheureusement, tous ces chants, jadis omniprésents, tendent à disparaître en même temps que celles qui les chantent, car les mœurs ont changé et la transmission intergénérationnelle ne se fait plus.
Récompensé par la Mention Spéciale de la Semaine de la Critique du Festival International du Film de Locarno 2011, ce documentaire se présente comme une suite de tranches de vie dans lesquelles le spectateur se fait vite happer par le regard et la voix des femmes pour la plupart très âgées, mais à la vitalité communicative. A travers leurs témoignages et leurs chansons, entrecoupés de photos et de films d’archives, se dessine un pan de l’histoire ethno-culturelle de cette région du Japon.
« Je n’aurais jamais pensé qu’il y avait un folklore aussi riche et profond dans mon propre pays. C’était une grande surprise... Ce type de musique traditionnelle de Miyako est mon type de musique. C’est du folklore sérieux, chanté par de vrais pêcheurs et agriculteurs, pas des professionnels. Il n’y a pas d’éducation musicale, pas d’autorité, pas de comité, pas d’école, pas même de partition. Ils ont hérité de la musique par l’oreille et la bouche. Ils n’avaient pas non plus de shamisen, c’était juste des claquements de mains, des coups de pied au sol et des voix. Du vrai folklore. Mais il disparaît rapidement maintenant... Ils ne chantent pas pour les touristes, ils chantent pour eux-mêmes, pour s’encourager, car ils ont été soumis à une fiscalité très lourde pendant des centaines d’années. Ils ont de nombreuses raisons de chanter le blues, tout comme les Noirs du nouveau continent... À Miyako, les gens sont très directs. Ils vous racontent l’histoire qu’ils connaissent. Il n’y a pas de gadgets, pas de triche et ils sont très spontanés. Vous sentez qu’ils sont fiers et n’ont rien à cacher. Quand vous l'entendez, cette musique de Miyako chantée par des octogénaires vous touche directement au cœur. » Makoto Kubota