2020 Année de l'Afrique, découvrez nos playlists !
L'Afrique est un continent qui a une histoire complexe, par les nombreux peuples qui y vivent, et son histoire coloniale.
Les cultures originelles des pays africains se sont vues forcées de cotoyer la culture des colons. Sur le plan musical, il en résulte une infinité de musiques métissées.
Nos playlists vous proposent de découvrir, ou de redécouvrir, certains genres de musiques africaines emblématiques, qu'elles soient traditionnelles ou contemporaines.
Afrobeat (Nigeria et monde entier)
L'afrobeat né au début des années 1970, à Lagos, au Nigeria. Mélange de musique traditionnelle et de chants Yoruba, de highlife ghanéen, de jazz et de funk. La naissance de l'afrobeat est liée à la carrière musicale de Fela Kuti. Après des études de médecine avortées en Grande-Bretagne, celui-ci se consacre à la musique. Il joue alors du jazz mâtiné de highlife. En 1969, lors d'une tournée aux États-Unis, Fela réalise qu'il ne sera jamais un grand jazzman, le jazz n'est pas sa musique. C'est aussi à ce moment-là qu'il découvre l'idéologie des Black Panthers. Il rentre alors à Lagos, et entreprend de composer de la musique qui lui ressemble davantage. Les paroles de ses chansons se politisent, et se transforment en de véritables satires du pouvoir en place, qu'il considère comme une dictature corrompue. Fela Kuti considère la musique comme une arme. Il chante désormais en pidgin nigérian (mélange d'anglais et de yoruba), afin d'être compris par le plus grand nombre. Sa popularité auprès des plus démunis grandit rapidement et il devient une icône au Nigeria, propulsant l'afrobeat au-delà des frontières de son pays. Aujourd'hui, l'afrobeat est une musique jouée dans le monde entier.
Highlife (Ghana & Nigeria)
Le highlife est apparu au début du vingtième siècle à Accra en Côte-de-l'Or (colonie britannique), aujourd'hui le Ghana. La haute société organisait des soirées dansantes inaccessibles pour la population. Celle-ci baptisa la musique qui y était jouée "Highlife" (la belle vie, la grande vie). Cette musique était un mélange de musiques traditionnelles locales, de Calypso (musique de carnaval venue des Antilles), et de Jazz (musique importée par les militaires britanniques en garnison, puis par les Américains et Européens en transit lors de la Seconde Guerre mondiale). Le highlife sera par la suite porté par l'élite culturelle du pays, dont Kwame Nkrumah, futur président de ce pays indépendant en 1957.
Makossa (Cameroun)
Le terme makossa vient de la langue Douala (parlée dans la région côtière du Cameroun), dans laquelle "Sa" signifie danse, et "Kô", signifie tomber. Makossa pourrait donc signifier "tomber dans la danse". Le makossa apparaît dans les années 1950, et puise ses racines dans les musiques locales du Cameroun (assiko, bolobo, bssewe) ; auxquelles se sont mêlées la rumba congolaise, du Congo voisin, le merengue de la République dominicaine, et le highlife ghanéen. Plus tard, dans les années 1960, le makossa évoluera en intégrant des éléments de jazz et de funk, d'où la présence importante de la basse et des cuivres. En 1972 le saxophoniste de jazz-funk Manu Dibango, composera le morceau Soul Makossa, qui rencontrera un succès mondial, et qui contribuera à faire connaître le makossa dans le monde entier.
Éthio-jazz (Éthiopie)
L'Éthio-jazz est une appellation créée par le percussionniste et compositeur éthiopien Mulatu Astatke. Dans les années 1960, celui-ci part étudier la musique en Grande-Bretagne et aux USA. Il revient en Éthiopie dans les années 1970, et collabore avec un grand nombre de musiciens locaux, comme Mahmoud Ahmed. Sa musique fait cohabiter la diversité des musiques éthiopiennes traditionnelles et le jazz. Les cuivres y ont une place prépondérante, ils jouent les thèmes des morceaux et s'expriment plus librement lors de chorus, comme en jazz. Bien que Mulatu Astatke soit considéré comme le père de l'Éthio-jazz, il n'est pas le seul à innover. Dans les années 1960-1970, la scène musicale éthiopienne d'Addis-Abeba est en pleine effervescence. Les musiciens locaux se rencontrent et jouent dans les azmari bet, bars qui tirent leurs noms des azmari, ces poètes-musiciens éthiopiens, équivalents des griots d'Afrique de l'Ouest. Dans ces bars ont lieu des expérimentations musicales, qui mêlent les musiques traditionnelles éthiopiennes aux musiques alors en vogue en Occident, soul, funk, rock et jazz. À partir de 1974, la prise de pouvoir du dictateur marxiste Mengistu Haile-Mariam, va mettre un terme à l'effervescence musicale de la capitale d'Éthiopie. Celui-ci juge ces musiques beaucoup trop occidentales. Beaucoup d'artistes fuient alors le pays. Au milieu des années 1990, quelques années après la chute du régime de Mengistu Haile-Mariam, le Français Francis Falceto, du label Buda Musique, lance la série de disques Éthiopiques. Le quatrième volume servira en partie de bande originale au film Broken Flowers de Jim Jarmush en 2005. Ce coup de projecteur sur ce que Mulatu Astatke nomme Ethio-jazz, va inspirer de nombreux musiciens et groupes dans le monde entier.
Coupé-décalé (Côte d'Ivoire)
Au début des années 2000, un groupe ivoirien fait des allers-retours entre Paris et Abidjan. Ils font la fête dans des boîtes de nuit, s'amusent et dépensent sans compter, allant même jusqu'à distribuer des billets de banque. Cette bande se surnomme la Jet Set. Parmi eux, Douk Saga, Lino Versace, Boro Sangui, Molare et plusieurs autres. À Abidjan, les DJ qui les font danser mélangent rythmiques congolaises et ivoiriennes. La Jet Set invente des pas de danses, et chante qu'il faut profiter de la vie. Un optimisme qui tranche avec la morosité règnant alors dans le pays. Au début des années 1980, sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny, la Côte d'Ivoire connaît une crise économique importante, dûe à la chute du cours du café et du cacao. Après la mort du président Félix Houphouët-Boigny en 1993, le pays traverse une période de troubles politiques, qui débouchent sur une guerre civile au début des années 2000. Dans ce climat difficile, les distributions de billets de banque de la Jet Set dans les clubs d'Abidjan ne passent pas inaperçues. Les paroles joyeuses de leurs chansons incitent à consommer et à ne pas s'en faire. Leurs "sapes" de marques et leurs bijoux indiquent qu'ils ont réussi.Les jeunes sont hypnotisés. En argot ivoirien, couper signifie escroquer, et décaler signifie dégager. L'expression pourrait donc aussi faire allusion à des pratiques comme le vol à la tire.
Blues touareg (Sahara)
Les Touaregs sont les habitants du Sahara central. Depuis la décolonisation du continent africain, qui survient dans les années 1960 dans la région du Sahara, un grand nombre de Touaregs ont été forcés de se sédentariser. La modification des frontières entre les États nouvellement créés : Algérie, Libye, Niger, Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso) et le Mali, entrave les déplacements des touaregs et de leurs troupeaux, et rend le commerce plus difficile à mettre en oeuvre. Enfin, une partie des terres des Touaregs se sont vues menacées par un projet de réforme agraire du gouvernement malien. Entre 1963 et 1964, les Touaregs se rebellent contre ces changements géopolitiques qui les contraignent à la sédentarisation et à l'abandon de leur mode de vie traditionnel. Cette révolte est durement réprimée par les gouvernenements du Mali, du Maroc et de l'Algérie. Contraints à la sédentarisation, un grand nombre de Touaregs s'installent dans des villes et villages en bordure du Sahara, où l'électricité est plus facilement accessible qu'en plein désert. Leur musique s'électrifie, et les Touaregs y chantent leurs peines. Cette musique devient l'emblème d'une génération de chômeurs et d'exilés. On assiste à la naissance du blues touareg, aussi connu sous les noms de Desert blues, ou de Tichumaren, ou encore d'Assouf en tamasheq, la langue touarègue.